Le cycle 2025 des Vitrines de l’Institut français d’Allemagne, organisé par la curatrice Indira Béraud, rassemble deux expositions personnelles, chacune explorant des récits fictionnels. La première, intitulée The Phantom of Liberty, présente le travail de l’artiste vénézuélienne Isabella Benshimol Toro. Une vue en coupe d’un appartement plonge les spectateur.ices dans l’intimité de la vie domestique, révélant avec subtilité les dynamiques de pouvoir qui s’y jouent. La deuxième, intitulée Echinus, présentera en Juillet le travail de l’artiste français Valentin Vert. À partir d'une étude scientifique imaginaire, une série de sculptures-outils se déploie dans un paysage martien.
La curatrice Indira Béraud ouvre le cycle Les Vitrines 2025 en présentant une exposition personnelle de l’artiste Isabella Benshimol Toro. Le Fantôme de la Liberté, transforme Les Vitrines en un tableau d’intérieur domestique. Une vue en coupe d’un appartement, ouvert sur Kurfürstendamm, devient le théâtre d’une tension entre les sphères privée et publique. Les œuvres, réalisées à partir d’éléments architecturaux, de mobilier, de petites culottes, de vêtements usagés et de textiles divers, ponctuent l’espace d’une présence suspendue. Chaque pièce semble porter la mémoire d’un corps absent, révélant une narration en creux, figée dans le temps.
L’installation in situ, composée d’une sélection de sculptures et de photographies, intègre des fragments de la vie quotidienne. Conçues à partir d’éléments architecturaux, de mobilier, de lingeries, de vêtements usagés et de textiles divers figés dans de la résine époxy ou du silicone, ces pièces investissent l’espace d’une présence spectrale. Chacune semble porter la mémoire, les fluides ou les formes d’un corps absent, révélant une narration en creux, pétrifiée dans le temps. Benshimol Toro transforme Les Vitrines en un tableau d’intérieur domestique, où des fossiles ou monuments de gestes banals prennent la forme d’images fixes. Celles-ci se déploient comme une pellicule qui s’anime au rythme des pas des passant.es. Exacerbant la frontière entre ce qui doit être montré ou dissimulé, l’exposition s’active sous le regard voyeuriste des piéton.nes, tandis que l’autorité et les conventions, mises à nu, révèlent leur absurdité intrinsèque. Les murs absents et les espaces suggérés instaurent une transparence crue, où les relations de pouvoir deviennent visibles et où l’intimité apparaît plus que jamais politique.
Isabella Benshimol Toro (née en 1994) est une artiste originaire de Caracas, aujourd’hui installée à Londres. Son travail s’inspire d’un besoin de figer dans le temps les actions, gestes et sensations éphémères du quotidien domestique. Partant de la photographie, elle réemploie des objets personnels et intimes, tels que des vêtements usagés et d’autres artefacts domestiques, qu’elle transforme en leur insufflant une nouvelle signification grâce à des matériaux transparents et brillants comme la résine epoxy et le silicone. À travers ces sculptures et installations, son approche évoque le procédé photographique, qui fixe chimiquement une image sur un film photosensible. Dans sa pratique, elle capture et retravaille ces moments pour créer ce qu’elle appelle des “monuments de l’inconscient”. Ses œuvres invitent à une réflexion critique sur les notions d’intimité, de domesticité, de pouvoir et de valeur. Isabella Benshimol Toro a obtenu son Master of Fine Arts (MFA) à Goldsmiths, University of London, en 2020. Parmi ses expositions personnelles sélectionnées figurent Rinse and Hold chez ZÉRUÌ à Londres et Sketches, curatée par Mathilde Friis et Gonzalo Herrero, présentée dans un lieu spécifique financé par l'Ambassade d'Espagne à Londres. Elle a également participé à des expositions collectives à Triangolo, Palazzo Guazzoni à Crémone, Cecilia Brunson Projects à Londres, Rose Easton à Londres, Timothy Taylor Gallery à New York, Elba Benitez à Madrid, etc. Elle a été résidente à Good Eye Projects, Londres (2024), et à Rupert, Vilnius (2022).
Instagram: @isabella.benshimol