
SPACE IS THE PLACE
Invent new uses for old places
Annonce des lauréats et lauréates du Concours d’idées d’architecture du Fonds Perspektive - Session 2025
Les trois premiers prix sont :
Premier prix : « Justice under construction » proposé par Jenny Neubig, Mascha Creutz et Maura Schmitt (Berlin, Allemagne)
Ce projet a séduit le jury par son idée originale de réhabilitation du bâtiment de la Cour de justice de Cologne. Il s’inspire de l’existence des Dombauhütten, ou loges de maçons, qui étaient construites temporairement en marge des chantiers des cathédrales médiévales pour permettre aux artisans d’échanger et de développer de nouveaux savoir-faire. Cette proposition est conçue comme une plateforme ouverte dédiée à la transformation technique et culturelle, à l’apprentissage collectif et à la transmission des idées et des connaissances. Elle soutient un processus de transformation continue, s’opposant à l’idée d’un projet de rénovation planifié à l’avance et exécuté en une seule fois. Le jury a salué l’engagement social et symbolique de cette démarche, en résonnance avec la fonction précédente du lieu.
Deuxième prix : « Garden for Eternity: Monument to the Energy Transition » proposé par Carl Wolff (Berlin, Allemagne)
Le jury a été particulièrement sensible à la portée poétique de la proposition, portant sur le site de l’ancienne centrale nucléaire de Stendal, en Allemagne (Saxe-Anhalt), qui transforme un vestige industriel massif en un paysage méditatif et vivant. Plutôt que de raser cette structure colossale, le projet propose de la conserver comme trace historique, tout en accompagnant son lent recouvrement par la végétation qui reprend ses droits : un paysage évolutif, où les ruines deviennent un espace vivant. Ce contraste entre la pérennité du béton et le temps long de la flore donne au projet une dimension sensible, qui interroge notre rapport à l’énergie, à la mémoire et à la résilience du paysage. À la fois monument et jardin, le monolithe devient ainsi un lieu de contemplation, ouvert à l’imaginaire et au temps qui passe.
Troisième prix ex-aequo : « Manifesto for Chimney Gardens » proposé par Rachel Rouzaud et Bernadetta Budzik (Paris, France).
Ce projet a vivement intéressé le jury par la recherche approfondie menée autour des fausses façades parisiennes du 10e arrondissement. Ce projet se distingue par son originalité, tant dans le sujet traité que dans la manière de l’aborder. En partant d’un élément architectural presque invisible, ces façades factices qui dissimulent des infrastructures techniques, les lauréates questionnent les mécanismes d’invisibilisation, de contrôle esthétique et de normalisation urbaine. Le jury a également salué la pertinence écologique du projet, qui propose une reconversion pragmatique : transformer les bouches d’aération polluantes en systèmes organiques filtrants, adaptés au microclimat spécifique généré par les infrastructures souterraines. En mobilisant des plantes et champignons aux propriétés dépolluantes, le projet incarne un manifeste fort, capable de réconcilier nature et architecture, plaidant ainsi pour une ville plus en phase avec les enjeux urbains contemporains.
Troisième prix ex-aequo : « OFF – Open Floor Frankfurt » proposé par Moritz Hahn, Mark Balint et Jakob Bittner (Würzburg, Allemagne).
Le jury a estimé la pertinence de l’approche d’investigation et la lecture critique du tissu urbain proposée par ce projet. À travers une démarche soignée et un langage articulé autour des enjeux sociaux et économiques, le projet met en lumière une réalité frappante : celle du centre d’affaires urbain largement sous-occupé, symptôme d’un déséquilibre structurel entre production bâtie et besoins sociaux. En s’appuyant sur les bureaux vides, ces « excédents bâtis » souvent ignorés, OFF déploie un protocole urbain original, capable de réactiver ces espaces dormants au service de la collectivité. Le jury a salué cette démarche fine et pragmatique, qui s’appuie sur les outils législatifs existants pour rendre possibles des formes d’occupation temporaires, adaptables et collectives.
Troisième prix ex-aequo : « The Blue Castle » proposé par Helena Kehl (Kiel & Stuttgart, Allemagne).
Ce projet a ému le jury par la force narrative et la joie qui s’en dégagent. À travers un texte d’une grande justesse, le projet retrace la trajectoire d’un immeuble de logements sociaux oublié, situé dans la région rurale du Brandenburg, en Allemagne. Le projet réactive un idéal collectif aujourd’hui en suspens pour mieux en révéler le potentiel latent. Le jury a également salué l’usage assumé d’un langage graphique naïf, notamment les dessins au pastel gras. Ce choix esthétique singulier traduit l’esprit du projet : celui d’une reconquête par les usages ordinaires – potagers collectifs, cuisines en plein air et gestes spontanés de réappropriation. Le Blue Castle devient ainsi un lieu de réinvention rurale, où se dessine une nouvelle forme de vie collective, plus souple et informelle. Le jury a salué cette vision, à la fois critique et porteuse d’espoir, qui transforme un bâtiment en déshérence en scène ouverte pour des futurs communs.
Les quatre autres projets retenus dans l’exposition (par ordre alphabétique des titres de projet) :
- « Gesund schrumpfen? Rethinking Rural Futures », par Lisa-Marie Byhan, Benedikt Ahlers et Till Bäumer-Kern (Weimar, Allemagne),
- « No Parking », par Simpert Hafenmeier (Berlin, Allemagne),
- « Palimpsests, when remains become scenic space », par Louna Benloulou (Paris, France),
- « (Re)Inventing the Fuel Station », par Max Hofmeister (Hanovre, Allemagne).
La remise de prix publique aura lieu le vendredi 7 novembre à TECHNE SPHERE LEIPZIG (Niemeyerstraße 2-5, 04179 Leipzig) dès 18 h en présence des lauréats, du jury et des organisateurs du concours. Une exposition de 9 meilleurs projets retenus pour ce concours sera également présentée à cette occasion.
PERSPEKTIVE est un fonds franco-allemand pour l’architecture et les arts contemporains créé en 2014 par le bureau des arts visuels de l’Institut français d’Allemagne et soutenu par l’Institut français, le ministère de la Culture et le Goethe-Institut.